JOUR 6 : LES ÉMOTIONS EXTRÊMES
Aujourd'hui, ça a été compliqué.
Pas tant à cause de Hypou. Plutôt de façon globale. Je crois que j'ai cerné un autre de mes points faibles qui aide sans doute Hypou à se nourrir sans que je ne m'en aperçoive toujours. J'ai un souci avec mes émotions. Mais genre, un gros souci. En fait, dès que je ressens quelque chose, c'est de façon extrême. Je me rends compte que je ne fais rien dans la demie mesure.
Je suis une hypersensible, en fait. Réellement. Au sens littéral. Psychologique ? Médical ?
C'est quelque chose dont j'ai conscience depuis longtemps sans réellement parvenir à savoir quoi faire de cette information. Tout ce que je ressens, je le ressens de façon extrême. Je vais me sentir trahie et abandonnée quand on oubliera de me tenir au courant de quelque chose, je vais pleurer toutes les larmes de mon corps quand, à la fin d'un film, je réalise que tous les acteurs ont du se quitter après une telle aventure et que c'est trop triste, je vais m'imaginer que mon copain a été pris dans une bagarre à coups de couteaux quand je ne reçois pas de message pour me dire qu'il est bien arrivé et que je commence à m'inquiéter, je vais me dire que la vie c'est vraiment trop génial et sourire naïvement quand une personne va en empêcher une autre de tomber dans le métro, je vais être intimement persuadée qu'on ne m'aime plus si on me dit "bonjour" au lieu de "salut"... Bref rien de ce que je ressens n'est anodin et du coup, parfois, c'est compliqué.
C'est compliqué par ce que je me mets dans des états pas possible pour des choses qui semblent banales aux moldus.
Parce qu'en plus de tout ça - ou par voie de conséquence, je ne sais pas tellement - je suis bourrée de principes et, je m'en rends de plus en plus compte ces derniers temps, je suis terriblement exigeante avec les gens. Que je les connaisse très bien ou non, je peux être assez dure. Assez intraitable. Les règles sont les règles, les principes sont les principes, le contrôle est le contrôle.
Le contrôle.
C'est quand même un comble, quand on n'est pas fichu de se contrôler ou de savoir gérer ses émotions, d'exiger des gens qu'ils parviennent à se maîtriser et qu'ils ne dérogent jamais aux règles qui nous semblent, de façon donc totalement subjective, fondamentales. Pourtant c'est ce que je fais, et je le fais plutôt bien je crois même si je ne suis pas certaine que ce soit quelque chose dont je puisse réellement me vanter.
Et quand je me penche sur le sujet, je me rends compte que cette chère Hypou n'est qu'un reflet de ce que je suis. Une de mes interprétations. Hypou c'est toutes ces émotions que je ne comprends pas, celles que je ne veux pas voir, que je ne veux ni entendre ni écouter. Car pourtant je suis quelqu'un de très communiquant. J'ai besoin de parler, de m'exprimer, de dire aux gens ce que je ressens à leur égard. C'est un besoin plutôt qu'autre chose, une habitude qui peut être agaçante pour les autres mais dont je ne saurai me défaire. Alors au début il m'a été difficile d'admettre qu'il y avait des choses que je pouvais bien garder enfouies, moi qui parle tellement, moi que tout le monde prend pour quelqu'un de si exubérant, pour une personne si expansive. Pourtant ce que les gens oublient, ou ce dont ils n'ont pas conscience, c'est que je ne dévoile que ce que je n'ai envie de dévoiler. Ce que j'exprime, ce que j'ose dire, ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
Difficile à croire, hein. Et pourtant.
Alors, même si je commence à réellement comprendre le pourquoi du comment de Hypou, je sais que j'ai du chemin à faire. Et je crois bien que l'une des étapes de ce chemin est assez évidente.
Je dois apprendre à me tempérer. Je dois apprendre à contrôler mes émotions. À mesurer ce que je ressens. A ne plus être extrême sans tout ce que je ressens ou entreprends. Les joies n'en seront pas moins grandes ou moins intenses, mais les déceptions et les chagrins seront sans doute moins lourds à porter.
Cela dit, je ne sais pas trop comment m'y prendre. Peut être déjà commencer par accepter qu'on puisse ne pas être de mon avis sans pour autant me détester.
Oui. ça a l'air pas mal, pour un début.
(ah, et juste pour dire. En rentrant du travail j'ai eu très envie/besoin de gras. J'étais à deux doigts de craquer Mac Do. Mais j'ai résisté. Et j'ai même fait une heure de sport. C'est une bébé victoire, mais une victoire quand même !)