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Journal d'un TCA
27 juillet 2015

JOUR 53 / MÉTAMORPHOSE JOUR 22 : LA PEUR

Dans mon article précédent, je parle de la peur qui m'a fait presque avoir une crise - heureusement évitée - hier soir.

Mais c’était quoi, cette peur ? Je crois qu'elle est la plus forte, celle qui nourrit le plus Hypou, celle qui ne me quitte jamais.

Toujours la même. Mue par mon égoïsme, et mes peurs, mes traumatismes, ces choses que je ne saurai pas expliquer et qui me font avoir des réactions extrêmes, inexplicables, incompréhensibles et insupportables, autant pour moi que pour les autres. La peur de l’abandon. Liée aux vacances de mon chéri, à son absence. Putain mais sérieusement, y a-t-il moyen d’être plus égoïste que ça ? J’étais en train de me perdre et de paniquer, d’avoir peur, et de m’en vouloir, alors j’ai écrit à une amie qui m’a apaisée en quelques mots. Parce qu’elle a su exprimer ce que je savais sans réussir à mettre les mots dessus. Je me permets de la citer, en morceaux choisis, parce que je sais que je vais avoir besoin de relire tout ça, parce que je veux changer, mais que changer, ça prend du temps. Parce que je dois intégrer tout ça, comme j’intègre que les émotions ne sont que des émotions.

Je lui disais donc que j’avais peur, je me cite : « J'ai peur qu'il m'oublie. Peur de ne pas lui manquer. Peur qu'il préfère le quotidien sans moi. (...) Et je m'en veux parce que je sais qu'il a besoin de ça. Je sais qu'il a besoin de déconnecter. (…) Ca me tue d'avoir peur à chaque fois qu'il s'en va. »

Et c’est vrai. J’étais plus mal de ressentir tout ça que d’avoir peur, à vrai dire. Parce que je sais que c’est inadmissible, je sais que c’est déraisonné. Mais je ne savais pas pourquoi je ressentais tout ça, ni quoi, faire, parce que, clairement, j’étais perdue sous Hypou, sous tout ce qui me hante. Mais heureusement, elle m’a répondu. Elle m’a sorti la tête de l’eau. Elle m'a giflée, puis elle m'a aidée à me redresser, à retrouver les idées claires. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas, mais ses mots ont été si précieux que j'ai besoin de les déposer ici. Elle m'a répondu, alors qu'elle est à l'autre bout du monde, alors que j'ai conscience que tout ça n'a ni queue ni tête :

« Je vais sans doute être brutale, (…)  je crois que le fait de déconnecter, de partir, de prendre du temps pour lui, ça n'a pas de rapport avec toi. Aucun. Quand il décide de partir, il ne décide pas de te laisser, de déconnecter votre relation. Il ne part pas pour respirer parce que tu l'étouffes. Il part parce que là, il a des semaines à occuper, il a des amis/famille à retrouver. Je crois qu'il a raison de le faire au fond, tu ne peux pas continuer à avoir peur comme ça. Je sais ce que c'est, cette peur qui t'angoisse, qui te fais imaginer mille scénarios, qui te renvoie encore plus dans les crises, les doutes, le dégout de toi-même. Mais tu dois la vivre pour la dépasser. Si tu la gardes, elle vous bouffera. Ni plus, ni moins. (…) Fais lui part de tes angoisses des maintenant, toujours pareil, en expliquant bien que le but ce n'est pas qu'il culpabilise, juste que tu es honnête, que tu préfères qu'il sache que tu auras probablement des réactions étranges, extrêmes même, mais qu'il faut le faire. Il faut en passer la là, parce que ça vous libérera. Vous deux. Tu lui fais confiance, mais Hypou, Voldemort et tous les autres attendent la moindre occasion pour te rattraper et te faire douter. (…) Ne te mets pas de pression pour être parfaite et ne pas craquer, ça va arriver. Tu vas vivre ces soirées abominables ou tu te sens minable, ou tu vas partir en crise de larmes affreuse, où tu vas penser à le blesser/culpabiliser pour te venger, où tu vas tenter la négociation, où tu vas te vexer parce que tu auras besoin d'une raison pour exprimer ta colère, ta tristesse. Tes peurs(…) Juste mets des mots là-dessus, et pardonne toi de ne pas le vivre avec détachement, simplicité. Ça viendra plus tard. Mais je crois que c'est bien que ce combat arrive, tu en as besoin. Il faut dépasser cette peur de l'abandon ou elle continuera à te faire être celle que tu n'es pas.

(…)  Tu as la sensation que tu ne l'aides pas donc qu'il va chercher du réconfort ailleurs, sauf que ses vacances ne sont pas des fuites, il n'a pas besoin de fuir, ce n'est pas son mode de fonctionnement comme ça peut être le nôtre, il sait juste profiter des opportunités pour retrouver ceux qu'il aime dans un contexte qui favorise le bien être. Il ne fuit pas. Il ne te fuit pas. (…)

Et je le répète, tout n'est qu'impressions, perspectives et vécu. Il n'a pas tes traumas, alors il ne sait et n'envisage même pas que tu assimiles ses vacances avec abandon, fuite, recherche de ce que tu n'apportes pas. Parce que pour le commun des mortel des gens sains d'esprit, c'est juste logique de partir en vacances, ça n'enlève rien aux autres relations. Il n'a pas ce besoin fusionnel parce qu'il n'a pas peur, parce que son passé ne lui a pas appris à avoir peur, à vivre juste en se disant "bon c'est quand qu'on va me laisser tomber". (…)

C'est normal que tu aies peur, on te fait croire depuis toujours que tu fais partir les gens, que tu es juste une bouée qu'on rend aux gardes cote après le sauvetage. On t'a appris à avoir peur. Et c'est vraiment difficile de s'en sortir, tu auras probablement toujours cette voix qui te soufflera des angoisses, mais tu arriveras à la faire taire. Je le sais, un jour elle ne sera qu'un murmure incompréhensible. Et c'est normal que tu aies peur de l'épuiser, tu veux être à la hauteur de ce qu'il est à tes yeux. (…) »

Elle a raison.

(NB : mes amis ont toujours raison, sauf quand je ne suis pas du même avis et que du coup, moi j’ai raison et eux ils ont tort, mais je les aime quand même)

Elle a raison. Il faut que j’arrête de penser que tout n’est que prétexte pour s’éloigner de moi. Tous les gens ne sont pas des névrosés chelous comme moi. Mon chéri me prouve jour après jour que notre histoire est jolie, qu’elle est faite pour durer, que j’ai raison, que nous avons raison, d’y croire.

Je ne veux pas la gâcher en ayant peur pour rien.

J’aimerais lui dire combien je lui présente mes excuses pour tout ça, mais il le sait déjà. Je vais réussir. Ca va être difficile, ça va être douloureux, mais je vais réussir, et après ses vacances, il reviendra. Et il m’aimera toujours, et je l'aimerai encore plus fort. Et on continuera d’avancer sous notre joli soleil.

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