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Journal d'un TCA
5 juin 2015

JOUR 3 : C'EST PAS BEAU D'PAS PARTAGER

Je regarde ma façon de me comporter vis-à-vis de la nourriture d’une façon tout à fait différente.

C’est comme si toutes les certitudes, ou en tout cas habitudes, que j’ai prises depuis que je suis petite étaient remises en question. J’ai réussi à plus ou moins déterminer pourquoi j’avais ce besoin de toujours finir tout ce qu’il y a dans mon assiette (merci maman), et même si je n’ai pas encore le fin mot de l’histoire je sais que je suis sur la bonne voie avec cette théorie. Sauf qu’à force de réflexions et d’élucubrations, j’en viens à m’interroger sur tout un tas de choses que je pensais acquises sans chercher à véritablement les comprendre.

Si je suis brune, c’est parce que c’est comme ça, et sije déteste partager ma nourriture, c’est parce que c’est comme ça aussi.

Source: Externe

Oui, bon, ben, à croire que non, en réalité, il semblerait que ça aille plus loin que ça. J’ai beaucoup lu sur le sujet et j’ai tenté de tisser des liens entre Hypou et mon aversion du partage d’assiette. Non, parce que vraiment, que personne ne s’avise de piocher dans mon assiette sans me le demander, ça peut facilement me mettre hors de moi, même si j’essaierai de me contrôler parce que c’est mal vu de perdre patience en public. Je ne supporte pas ça, vraiment pas, ça me met dans une si grosse colère que je peux même en vouloir à la personne pendant quelques jours. Ca peut être ma sœur, ma nièce, une de mes meilleures amies, peu importe.

A vrai dire, c’est à peu près la même chose quand on me demande de goûter le plat que j’ai commandé. Je fais généralement une grimace que je ne parviens pas à dissimuler – pour être tout à fait honnête je ne suis pas certaine que j’essaye même de la retenir, cette grimace – et si vraiment la personne insiste, ou que je l’aime très fort, je prends sur moi et je lui donne une fourchetée.

Le plus compliqué encore ? Une scène classique, qui me met à chaque fois une boule dans le ventre et qui m’assure d’être de mauvais poil pendant une bonne vingtaine de minutes, voire toute la fin du repas si la personne est insistante :

«  Tu as choisi ton dessert ?

-          Oui, je vais prendre la glace triple loopings de chocolats sur crème de spéculoos au Kinder Bueno*. Et toi ?

-          Oh ben j’hésitais avec ce dessert ! Mais du coup je vais prendre le moelleux au chocolat, comme ça on va partager, parce que c’est trop génial de partager son dessert ! HEIN T’ES D’ACCORD ? »

Bon. Okay, généralement la personne ne crie pas et s’arrête à la proposition de prendre chacun deux desserts différents pour encore plus de plaisir. SAUF QUE NON MOI JE NE SUIS PAS D’ACCORD. Si j’ai choisi précisément ce dessert-là parmi tous les desserts de la carte c’est parce que c’est le plus gros, le plus gras, celui qui remplira le mieux ce gros vide que j’ai en dedans et qui me suis partout où je vais. C’est mon pêché, ma culpabilité, ma honte à moi, LAISSE-LE MOI.

Source: Externe

En fait, je pense que c’est trop compliqué pour moi de me faire arracher quelque chose alors que je m’évertue, inconsciemment, à toujours finir toute mon assiette jusqu’à la moindre miette. En donner un bout, en partager même une seule cuiller, ça me donne l’impression que je ne vais pas pouvoir être rassasiée, que, je pense, Hypou ne sera pas satisfaite et me fera la misère jusqu’à ce que je lui en donne encore plus, puisque je l’ai privée d’un petit bout de ce dont elle avait envie.

Je sais que c’est irrationnel, je sais que c’est incroyablement mal élevé et égoïste, je sais que ce n’est rien de grave mais vraiment, c’est toujours quelque chose que je redoute. Parce que je sais que je n’ai aucune raison valable de ne pas aimer ça, ni de me mettre dans des états pareils. Etre confrontée à une telle situation met, en quelque sorte – je ne le comprends que maintenant – Hypou, et tout ce qu’elle implique comme faiblesses, au grand jour. Elle me montre sous un jour noir, sombre, terne, elle dévoile le moi que j’essaie de me cacher à moi-même et qui, franchement, n’est pas très beau à voir.

Je m’en suis aperçue ce midi, quand j’avais une bouteille d’eau et que deux de mes amis m’ont demandé d’en boire un peu. Bien sûr, bien sûr. Non je ne veux pas qu’ils meurent de déshydratation. Mais ça m’a embêtée.

Parce que cette eau c’était de la Contrex. Parce que c’était pile poil 1 litre et que je m’étais dit que je devais boire un litre aujourd’hui. Parce que. Parce que…

Toc toc toc !

Qui est là ?

Le besoin de contrôle ! EH OUI C’EST ENCORE MOI !

Source: Externe

Bon… En fait si. Un peu.

Beaucoup.

Complètement.

Du coup, je me demande à quel point ça peut interagir avec mon hyperphagie. Parce quand j’y regarde de loin, j’ai l’impression que c’est justement tout l’opposé, mais mon petit doigt me dit que c’est bien plus compliqué que ça, et qu’une fois que j’aurai compris tous les tenants et les aboutissants de cette histoire, j’aurai fait un grand pas.

En attendant, il faut que j’apprenne à partager.

Paraît que c’est bien vu en société.

 

 

*Si un jour quelqu’un invente ce dessert pour de bon, je veux y goûter. Toute ma vie.

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