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Journal d'un TCA
4 août 2015

JOUR 61 / METAMORPHOSE JOUR 30 : STOP.

Bonne nouvelle #1 : après étude comparative minutieuse, il s'avère que la balance de ma soeur affiche 500g de plus que ma balance à moi, ce qui signifie que je ne pesais pas 81,8kg mais 81,3 kg. Même si mon objectif était de perdre 500g par semaine, et de faire 81, ce n'est pas grave, l'essentiel c'est que j'ai perdu du poids, mes efforts et changements sont récompensés et ça me booste pour continuer.

Bonne nouvelle #2 : ce blog va prendre un tournant. J'ai eu un électrochoc ce soir même. Je me suis vue, de l'extérieur, et je me suis trouvée horrible, mais horrible dans le sens horripilante. Quoi que j'écrive ici, c'est pour me plaindre, pour pleurer sur mon sort, tourner en rond sur des sujets sans même chercher à rebondir, à aller mieux. En fait quand je viens là, je laisse Hypou prendre tout le contrôle alors que, hey, je suis là derrière. Donc clairement ça a été compliqué, je ne sais pas trop comment expliquer mais là je suis moralement lessivée, mais j'ai mis Hypou dehors. Elle reviendra, elle va tapoter au carreau, parfois même elle réussira à s'introduire à l'intérieur, mais je la mettrai dehors, inlassablement, encore et toujours. J'en ai assez qu'elle dicte mon comportement.

En écrivant ici, jusque là, je me complaisais dans tout ce que, pourtant, je déteste. Je venais simplement pleurer sur mon sort de pauvre fille hyperphage bien malheureuse, mais concrètement tout ce que je faisais c'était laisser beaucoup plus de place à Hypou. C'est terminé, sachez-le. J'ai récemment dit à une de mes meilleures amies, et je me cite parce que ma prose est quand même exceptionnelle (non) : "Comme dirait l'autre, si Cendrillon avait regardé derrière elle, elle aurait récupéré sa pantoufle et dans le cul la balayette."

Oui je suis une poète.

Parce que c'est ça aussi, qu'elle faisait, Hypou. Elle m'enfermait dans le passé. Avec elle, je passe mon temps à regarder non seulement par dessus mon épaule, mais aussi à regarder par dessus l'épaule de mes proches. C'est n'importe quoi. D'une, regarder derrière soi ça empêche de voir où on va, donc soit on tombe, soit on se prend un mur, soit on arrive quelque part sans se souvenir une seule seconde du chemin qu'on vient de parcourir. Et de deux, surtout, on a tous un chemin derrière nous. Qui a été plus ou moins chaotique, plus ou moins simple, plus ou moins heureux. Quand on jette un coup d'oeil de temps en temps - parce qu'on a le droit de le regarder de temps à autre, juste pour jauger combien on a avancé - on voit tous les souvenirs laissés en chemin. Ces souvenirs là sont différents de ceux qu'on garde dans le coeur. Je les vois un peu comme des valises, plus ou moins lourdes, qu'on a fini par poser parce que leur contenu n'était plus adapté à ce que devenait le chemin.

Alors oui mon chéri a eu des valises. Des valises qu'il a portées avec plaisir, mais qui sont dorénavant derrière lui. Des amours, des jolis souvenirs, des moments incroyable que je n'ai pas vécus avec lui. Mais. C'est dans ma main, maintenant, que la sienne est glissée tandis qu'il continue son chemin. Et c'est tout ce qui compte.
Alors oui, mes amis ont eu des valises. Plein de choses qui auraient pu faire en sorte, avant, qu'ils s'en aillent, qu'on ne se rencontre jamais, qu'ils ne restent pas. Mais elles sont posées, sur leur chemin d'avant. Elles ne font pas partie de ce qu'ils sont aujourd'hui. Et c'est tout ce qui compte.

Moi quand je me retourne, je vois le chemin, mais je ne vois aucune valise. C'est seulement quand je baisse le regard que je les vois, et que soudainement je prends conscience que je n'en ai pas lâché une seule. Quand j'y pense, elles pèsent tellement lourd qu'elles me font mal partout. Au dos, aux épaules, aux bras, aux jambes, au coeur aussi, parce qu'elles s'y accrochent avec ferveur. Mais ces valises appartiennent à hier. Aujourd'hui, je veux voyager léger, pour pouvoir attraper tous les bagages qui m'attendent demain et être capable aussi bien d'assumer leur poids que d'accepter leur légèreté.

Alors, ce soir, je pose mes valises, et j'avance.

Hypou, je te pose. Voldemort, je te pose. Hyperphagie, je te pose. Peur de l'abandon, je te pose. Peur de décevoir, je te pose. Mensonge, je te pose. Regrets, je vous pose. Echecs, je vous pose. Déceptions, je vous pose. En revanche, je récupère mes rêves, mon amour, mon optimisme et ma confiance. Ils ne pèsent rien, c'est tellement agréable ! Oh bien sûr il y a des petits sacs qu'on garde toujours à la ceinture. La méfiance, le doute, mais leur poids est équilibré par le courage, l'audace, l'amitié.

J'ai toujours dit que j'étais bancale. J'ai toujours estimé que c'était mon passé qui m'avait abîmée. Peut-être oui, sûrement même, parce que j'ai vécu des choses difficiles. Mais je n'étais pas bancale à cause de ça. A cause de ça j'ai des cicatrices, des bleus, mais je ne suis pas bancale. J'étais bancale uniquement parce que je n'avais rien laissé derrière moi. Je gardais mes valises les plus lourdes au creux des bras, histoire de bien me cacher le paysage et l'horizon, mais ça je ne m'en apercevais même pas puisque de toute façon, je passais mon temps à regarder derrière. J'aurais pu choper un torticolis, c'est quand même pas sérieux.

Alors oui, ce soir, stop. Ce soir, je déleste.

Ce soir, je jette le poids par dessus-bord parce qu'il ne me sert plus à rien.

Ce soir, ma vie change.

Ce soir, je m'envole.

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Commentaires
T
C'est le plus beau texte que tu aies écrit depuis le début. Et oui ton équilibre, c'est ça, pas ton poids, mais tes valises délestées. Tu déchires <3
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