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Journal d'un TCA
7 juin 2015

JOUR 5 : PRISE DE CONSCIENCE

NB : En commençant cet article, je n'avais aucune idée de la tournure qu'il allait prendre. Je me suis promis de ne rien effacer dans un réel souci de transparence et d'honnêteté envers moi-même. L'écrire m'a fait prendre conscience de plein de choses. Ça vire un peu beaucoup à la mise à nue, avec des passages un peu flou sur lesquels je ne suis pas encore capable de mettre des mots.

Pardon.

Aujourd'hui, ça va bof.

Bon autant être honnête envers moi-même je suis une droguée de la balance, et je crois que la mienne me le rend mal. Déjà que ce n'est qu'une pure torture de me peser, je crois en plus que ma balance déraille sévèrement. Ce matin elle affichait presque deux kilos de plus qu'hier, et ce soir deux de plus que ce matin. Hypou ayant fait des siennes hier soir, à la limite. Mais il n'y a rien qui ne justifie un si grand écart ce soir. En même temps, c'est une balance à très bon prix qui ne me donne jamais le même résultat. Je pense que je vais en changer. La seule question que je me pose c'est : est ce que je la jette et j'attends patiemment d'en avoir une nouvelle, ou est-ce que j'attends d'avoir la nouvelle pour me débarrasser de celle-ci ? Je sais que la première solution serait idéale mais je ne suis pas sûre d'y parvenir. Tout comme je ne suis pas certaine de très bien le digérer si ma future nouvelle balance m'affiche un poids aussi élevé que celle-là. Cela dit, je crois sincèrement qu'il y a un souci. A la visite médicale que j'ai faite pour le travail, la balance du médecin affichait 7 kg de moins. Le médecin m'avait prévenue : "Bon, elle est gentille hein...". Mais quand je lui ai dit qu'il y avait 7 kg de différence elle m´a dit que ce n'était pas possible qu'elle soit gentille à ce point. En plus de ça, la balance de ma sœur affichait déjà un kilo et quelques de plus que mon ancienne balance, et mon actuelle affiche un poids toujours plus élevé que celle de ma sœur. Y a pas à tortiller, il y a comme qui dirait une couille dans le potage.

Je vais essayer de m'en débarrasser en allant au travail demain matin, et d'en commander une dans la journée. Ça me boostera peut-être un peu et surtout, puisque je serai dans l'incapacité physique de me peser, peut être que je prendrai l'habitude de ne plus le faire si souvent. Je suis une vraie toquée c'est incroyable.

Donc oui, ça va bof. Je pense que c'est en partie à cause de ce qui s'affiche sur la balance et en partie parce que je n'arrive pas à me comprendre ni à comprendre ce dont j'ai besoin. J'avais demandé à mon copain de m'aider quand je sentais que je mangeais trop, mais ça ne marche pas, je me vexe, ça me blesse et de toute façon il n'a pas à supporter tout ça. J'avais décidé de faire attention à ce que je mangeais mais ça ne marche pas. J'avais ensuite décidé de ne pas me frustrer mais juste de réduire les quantités mais ça ne fonctionne pas non plus. En fait tout ce qui fonctionne c'est que je sois tellement occupée que je ne mange pas, ce qui sur le long terme risque d'être dangereux pour ma santé d'une part, et dangereux pour mon compte en banque de l'autre parce que se tenir occupée ça ne sera pas gratuit toute la vue d'autre part. Donc il faut que je m'occupe. Quand j'aurai commencé le sport, réunion jeudi pour tout m'expliquer, je serai prise au moins deux soirs par semaine. Plus que cinq.

Youpi.

Je vais me remettre à la lecture et à l'écriture. J'ai le tome 2 de mon roman à écrire de toute façon. Écrire. C'est la seule chose qui me fait me sentir réellement bien quand je suis seule. Parce que j'ai besoin de solitude, mais je déteste être seule. C'est assez étrange comme concept. Je déteste ma propre compagnie et je pense que c'est aussi pour ça que cette chère Hypou se manifeste le plus souvent quand je suis en tête à tête avec moi-même. C'est tout de suite assez compliqué de demander aux autres de nous comprendre quand soi-même on ne sait pas bien ce que l'on veut. Je crois que j'ai peur de tout ce que je ne saurai pas contrôler en étant toute seule. Dès lors qu'il y a quelqu'un auprès de moi je me sens plus forte. Je pense aussi que c'est pour cette raison que je place une barrière de mille kilomètres entre les gens et moi, ou que j'ai soudainement des périodes pendant lesquelles je suis ultra distante avec les gens que j'aime. Ils sont ma plus grande force et en même temps ma plus grande faiblesse. Parce que oui, tant qu'ils sont là tout va bien, tout a l'air possible, rien n'a l'air dingue, la vie est parfaite. Sauf que personne ne peut forcer les gens à rester, et moi quand quelqu'un décide de s'en aller je ne le retiens pas. Alors, je fais quoi moi, si d'un coup ces gens réalisent, et s'en vont ? Ben je ne préfère pas le savoir. Alors je mets une barrière pour être certaine que personne ne m'approchera et que je ne serai donc pas affaiblie.

Cette barrière c'est mon corps.

Cette barrière c'est mon poids.

Je crois.

Je crois que je suis en train de toucher du doigt le problème. Un microkinésithérapeute me l'avait déjà évoqué. Il m'avait dit quelque chose du genre. Que j'utilisais mon corps comme répulsif mais que ça me frustrait par ce que ça ne fonctionnait pas. Parce que je ne suis pas une solitaire. Parce que j'ai incroyablement besoin qu'on m'aime. Parce que dedans j'ai un gros trou noir infranchissable qui prend de la place. J'ai besoin des autres autant que j'en ai peur. Je suis fragile, bancale, et tout ce qu'il me reste pour me préserver, c'est mon corps. Alors je le maltraite pour qu'il prenne de la place et qu'il protège tout mon moi cassé en mille morceaux. Tout ce que Hypou contemple au quotidien. J'utilise mon corps comme barrière pour empêcher les gens de traverser et de venir de mon côté. Parce que de ce côté, personne n'y est jamais resté. 

Pas même mes parents. Pas même ma famille.

On s'approche de moi, on jette un coup d'œil. Mais on ne reste pas. Trop de trucs à réparer. Trop de bizarreries. Trop de cicatrices. Trop de questions à la fois. Aucun réel intérêt. J'ai le sentiment que je ne suis quelqu'un dans la vie des gens que pour un temps, que je n'ai qu'une place éphémère. Une petite brise, agréable parfois mais inutile. Dont on n'a pas tellement besoin. Puis aussi, un parasite. Aux uns je rappelle trop de souvenirs, aux autres je ne représente pas grand chose. Pour certains je suis celle qui va les aider à franchir une étape, puis une fois franchie ils continuent leur chemin. Sans moi. C'est pour ça que j'ai peur des gens.

Et si finalement, Hypou était plus présente que jamais parce que je suis entourée plus que jamais ? Parce que je n'ai pas suffisamment confiance en moi pour me dire que tous ces gens qui sont à mes côtés aujourd'hui voudront le rester. Parce que je ne fais pas assez confiance à la vie pour qu'elle me gâte à ce point. Parce que je ne comprends pas en quoi je peux être utile au bonheur de ces gens que j'aime si fort pourtant. Parce qu'ils font entrer dans ma vie d'autres gens qui eux aussi franchissent la barrière et peuvent donc m'abandonner à tout moment. La barrière n'est plus assez grosse, alors Hypou est là pour la faire grossir. Pour me faire grossir. 

Pour me faire devenir aussi grosse que cette frayeur latente, permanente, constante, incurable, qu'on m'abandonne. Hypou c'est peut-être juste l'alliée empoisonnée que je me suis créée pour lutter à armes égales contre un autre démon. Le vrai. Celui qui me fait perdre les gens auxquels je tiens et grâce auxquels j'aurais pu avoir un équilibre. Celui qui me fait croire que personne ne peut rester auprès de moi. 

Oui, ça y est je çrois que j'ai compris.

Oui, ça y est je crois que j'ai réussi à déterminer les causes de mon hyperphagie. 

Mon corps comme Épouvantail. Mon corps comme Répulsif. Mon corps comme tout ce qui me reste pour me protéger du désamour des autres. De leur abandon, volontaire ou non. 

Mon corps comme carapace. 

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