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Journal d'un TCA
3 juin 2015

JOUR 0 : UN PAS EN AVANT ?

Réaliser que je suis hyperphage a joué comme un déclic.

Cela fait bientôt quatre mois que j’ai littéralement changé de vie. J’ai changé de ville, de métier, d’appartement, de proches, de repères, de rythme et évidemment, Hypou a pris un malin plaisir à me sauter dessus et à rester agrippée à moi telle une moule à son rocher.

J’ai toujours eu des problèmes de poids. D’aussi loin que je me souvienne – et c’est pourtant assez compliqué pour moi de remonter dans mes souvenirs, puisque je suis incapable de me remémorer quoi que ce soit qui a pu avoir lieu avant, environ, mes 23 ans. Cela ne m’arrive que par flashs plus ou moins exhaustifs. Parfois je me souviens de scènes entières, parfois simplement de phrases ou même de ressentis… Oui, je me doutais donc depuis un moment qu’il y avait comme un petit quelque chose que j’essayais d’enfoncer six pieds sous terre, bref.

Bref, des problèmes de poids constants qui, semble-t-il, durent depuis l’enfance puisque je me souviens avoir été hospitalisée quand j’étais en CE1 dans ce que j’appelle « Un hôpital pour gros enfants ». Impossible de dire combien de temps j’y suis restée, ni quels ont été les effets, mais je pense avoir manqué au moins un trimestre d’école. Voire plus mais c’est vraiment trop flou pour être précise. Puis j’ai grandi et alors que j’étais en seconde, j’ai eu comme un déclic et j’ai décidé de maigrir, et j’ai réussi. Je ne sais ni comment, ni pourquoi, mais j’avais perdu énormément de poids et j’étais même parvenue à me stabiliser. Jusqu’à ce que le bac soit passé et que je transplane bien malgré moi dans une ville inconnue pour mes études.

 Bref.

En somme, depuis que j’ai changé de vie, j’ai grossi. Je n’ai pas réussi à contrôler mon corps ni à gérer tous ces changements et je crois que, de toute façon, j’ai plus ou moins pris l’habitude de me cacher derrière mon poids. Il est le seul point noir de ma vie, actuellement, et je l’utilise comme mauvaise excuse pour tout. Pour prouver que je n’ai pas de volonté, montrer que je ne peux pas me considérer comme belle (alors que je suis la première à revendiquer qu’on peut être belle tout en rondeurs, ALLO UI CER PARADOXE), justifier que je n’ose pas aller vers les autres, ou encore que les autres ne viennent pas vers moi. Tout. Tout est à cause de mon poids.

C’est tellement facile.

C’est tellement idiot.

Je crois qu’en réalité j’ai appris, je me suis appris, à utiliser mon poids et donc mon corps comme barrière contre le monde, et les gens. J’ai peur des gens, peur de ce qu’ils peuvent ressentir à mon égard et de ce que je peux ressentir pour eux. Je suis, étrangement, quelqu’un d’assez extravertie, plutôt avenante et je vais facilement vers les autres… Tant que je contrôle la situation. A partir du moment où les gens franchissent la barrière invisible que je mets entre eux et moi, je panique. Et je pars en courant, à moins qu’on me retienne.

Je ne sais pas tellement à quoi je voulais en venir, avec tout ça. Au fait, simplement, que depuis un mois je me dis que je vais me remettre au régime et que cette fois ça va fonctionner. Sauf que c’est un échec cuisant, jour après jour, et qu’il semblerait qu’Hypou en profite pour faire son spectacle et être plus présente que jamais. J’ai trouvé un emploi. J’ai trouvé un appartement. Un garçon est même resté auprès de moi malgré toutes mes bizarreries, en somme tout va bien dans ma vie. Tout sauf ça. Et si, finalement, c’était volontaire ? Et si je refusais de maigrir ? Et si je nourrissais moi-même Hypou, avec des peurs sous-jacentes dont je n’ai pas encore conscience ?

Je me suis posé toutes ces questions hier, et j’ai décidé de prendre le problème à bras le corps et de mettre toutes les chances de mon côté, pour réussir. Alors, sur un coup de tête, j’ai pris rendez-vous chez Curves, une salle de sport à littéralement 5 minutes à pied de chez moi. Il faut que je fasse quelque chose de concret, il faut que je chasse Hypou pour de bon et quelque chose me dit que même si c’est un combat qui va être compliqué, et long, je dois prendre les bonnes armes. Des armes efficaces. Le sport, c’est efficace. Parce que le sport permet de voir les choses, pour de bon.

Puis, aussi idiot que ça puisse paraître je pense que consacrer une partie de mon budget à ça va m’aider à m’y tenir. J’espère, tout du moins.

Cependant, ça n’a pas été évident.

Je ne sais pas bien à quoi je m’attendais, mais certainement pas à ça.

La coach m’a mesurée.

La coach m’a pesée.

La coach m’a fait utiliser une machine pour connaître mon IMC.

 

Je ne me souviens pas exactement du chiffre. Je ne me souviens que d’une chose : mon cas ne rentrait presque pas dans le tableau qu’elle m’a montré. A 0,02 valeur près, mon IMC était au-delà de la case « Très mauvais ». Dans une case que personne n’a intégrée dans ce tableau.

 

Choc.

Electrochoc.

Tsunami.

 

Quand on me voit, on se dit que je suis grosse. Pas obèse, non, dodue, disons.

Mais en dedans, Hypou a tout dévoré sur son passage. Tout mis en miettes. Si je continue comme ça, je me détruirai, chaque jour un peu plus. C’est inévitable.

Mais pas irréversible.

J’étais un peu sonnée, je l’avoue. Peut-être que le tableau exagère, peut-être qu’il n’est là que pour faire peur, peut-être. Mais il m’a terrifiée. C’est comme si la coach m’avait giflée, alors qu’elle a d’ailleurs été absolument adorable. Comme si soudainement on m’avait attrapée par les épaules et réveillée en sursaut. Comme si on me retenait juste avant que je ne me jette sans le voir dans le précipice.

 

Puis on a parlé.

« Pourquoi maintenant ? »

La question banale, la question simple, la question de la coach à laquelle j’ai spontanément répondu : « Parce que je me dégoûte. » avant de fondre en larmes.

 

C’est une vraie réponse. Celle que Hypou n’a pas su faire taire, celle que je ne dois plus taire, celle que je dois affronter. C’est une réponse que je ne veux plus jamais donner.

Je veux oser me regarder dans le miroir.

Je veux oser faire les magasins et acheter des vêtements qui me plaisent et me ressemblent.

Je veux me sentir bien dans mon corps.

Je ne veux plus avoir peur de moi.

Ca prendra le temps que ça prendra.

J’ai 20 kilos à perdre mais c’est bien plus que ça. Je dois apprendre à faire taire Hypou, à m’en guérir. A avoir une relation saine avec la nourriture. Avec mon corps. Avec moi.

 

Ce blog fait partie des choses qui me semblent importantes.

Un post par jour, au minimum, sans barrière, sans mensonge, tout en transparence.

Pour évoluer. Pour grandir.

Pour guérir.

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