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Journal d'un TCA
trouble du comportement alimentaire
5 juin 2015

JOUR 3 : C'EST PAS BEAU D'PAS PARTAGER

Je regarde ma façon de me comporter vis-à-vis de la nourriture d’une façon tout à fait différente.

C’est comme si toutes les certitudes, ou en tout cas habitudes, que j’ai prises depuis que je suis petite étaient remises en question. J’ai réussi à plus ou moins déterminer pourquoi j’avais ce besoin de toujours finir tout ce qu’il y a dans mon assiette (merci maman), et même si je n’ai pas encore le fin mot de l’histoire je sais que je suis sur la bonne voie avec cette théorie. Sauf qu’à force de réflexions et d’élucubrations, j’en viens à m’interroger sur tout un tas de choses que je pensais acquises sans chercher à véritablement les comprendre.

Si je suis brune, c’est parce que c’est comme ça, et sije déteste partager ma nourriture, c’est parce que c’est comme ça aussi.

Source: Externe

Oui, bon, ben, à croire que non, en réalité, il semblerait que ça aille plus loin que ça. J’ai beaucoup lu sur le sujet et j’ai tenté de tisser des liens entre Hypou et mon aversion du partage d’assiette. Non, parce que vraiment, que personne ne s’avise de piocher dans mon assiette sans me le demander, ça peut facilement me mettre hors de moi, même si j’essaierai de me contrôler parce que c’est mal vu de perdre patience en public. Je ne supporte pas ça, vraiment pas, ça me met dans une si grosse colère que je peux même en vouloir à la personne pendant quelques jours. Ca peut être ma sœur, ma nièce, une de mes meilleures amies, peu importe.

A vrai dire, c’est à peu près la même chose quand on me demande de goûter le plat que j’ai commandé. Je fais généralement une grimace que je ne parviens pas à dissimuler – pour être tout à fait honnête je ne suis pas certaine que j’essaye même de la retenir, cette grimace – et si vraiment la personne insiste, ou que je l’aime très fort, je prends sur moi et je lui donne une fourchetée.

Le plus compliqué encore ? Une scène classique, qui me met à chaque fois une boule dans le ventre et qui m’assure d’être de mauvais poil pendant une bonne vingtaine de minutes, voire toute la fin du repas si la personne est insistante :

«  Tu as choisi ton dessert ?

-          Oui, je vais prendre la glace triple loopings de chocolats sur crème de spéculoos au Kinder Bueno*. Et toi ?

-          Oh ben j’hésitais avec ce dessert ! Mais du coup je vais prendre le moelleux au chocolat, comme ça on va partager, parce que c’est trop génial de partager son dessert ! HEIN T’ES D’ACCORD ? »

Bon. Okay, généralement la personne ne crie pas et s’arrête à la proposition de prendre chacun deux desserts différents pour encore plus de plaisir. SAUF QUE NON MOI JE NE SUIS PAS D’ACCORD. Si j’ai choisi précisément ce dessert-là parmi tous les desserts de la carte c’est parce que c’est le plus gros, le plus gras, celui qui remplira le mieux ce gros vide que j’ai en dedans et qui me suis partout où je vais. C’est mon pêché, ma culpabilité, ma honte à moi, LAISSE-LE MOI.

Source: Externe

En fait, je pense que c’est trop compliqué pour moi de me faire arracher quelque chose alors que je m’évertue, inconsciemment, à toujours finir toute mon assiette jusqu’à la moindre miette. En donner un bout, en partager même une seule cuiller, ça me donne l’impression que je ne vais pas pouvoir être rassasiée, que, je pense, Hypou ne sera pas satisfaite et me fera la misère jusqu’à ce que je lui en donne encore plus, puisque je l’ai privée d’un petit bout de ce dont elle avait envie.

Je sais que c’est irrationnel, je sais que c’est incroyablement mal élevé et égoïste, je sais que ce n’est rien de grave mais vraiment, c’est toujours quelque chose que je redoute. Parce que je sais que je n’ai aucune raison valable de ne pas aimer ça, ni de me mettre dans des états pareils. Etre confrontée à une telle situation met, en quelque sorte – je ne le comprends que maintenant – Hypou, et tout ce qu’elle implique comme faiblesses, au grand jour. Elle me montre sous un jour noir, sombre, terne, elle dévoile le moi que j’essaie de me cacher à moi-même et qui, franchement, n’est pas très beau à voir.

Je m’en suis aperçue ce midi, quand j’avais une bouteille d’eau et que deux de mes amis m’ont demandé d’en boire un peu. Bien sûr, bien sûr. Non je ne veux pas qu’ils meurent de déshydratation. Mais ça m’a embêtée.

Parce que cette eau c’était de la Contrex. Parce que c’était pile poil 1 litre et que je m’étais dit que je devais boire un litre aujourd’hui. Parce que. Parce que…

Toc toc toc !

Qui est là ?

Le besoin de contrôle ! EH OUI C’EST ENCORE MOI !

Source: Externe

Bon… En fait si. Un peu.

Beaucoup.

Complètement.

Du coup, je me demande à quel point ça peut interagir avec mon hyperphagie. Parce quand j’y regarde de loin, j’ai l’impression que c’est justement tout l’opposé, mais mon petit doigt me dit que c’est bien plus compliqué que ça, et qu’une fois que j’aurai compris tous les tenants et les aboutissants de cette histoire, j’aurai fait un grand pas.

En attendant, il faut que j’apprenne à partager.

Paraît que c’est bien vu en société.

 

 

*Si un jour quelqu’un invente ce dessert pour de bon, je veux y goûter. Toute ma vie.

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5 juin 2015

JOUR 3 : LA BALANCE, C'EST PESANT

Aujourd’hui, ça va.

Enfin je suis assez facilement irritable mais je pense que c’est simplement que j’ai mal dormi. Pour être totalement transparente, hier soir ça allait moins bien, pendant quelques minutes. Parce que j’ai mangé des sushis et que je m’en suis voulu. Enfin, non, ce n’est pas vrai. Ca ne s’est pas exactement passé comme ça.

En réalité, j’avais très faim en sortant du travail et il était déjà prévu d’aller faire des courses puisqu’il n’y avait rien à manger chez moi. On décide donc de manger sushis avec mon copain, parce que j’avais envie/besoin/autre mot pas encore trouvé de manger quelque chose qui me faisait plaisir, et de ne pas m’enfermer dans les carcans d’un régime, comme j’en parlais hier ici-même. Grâce à lui, mon copain par le régime, je prends un menu assez raisonnable – puisque je me suis dit : repas qui me faisait envie, d’accord, mais en quantités humaines. L’idée n’était pas d’avaler tellement de sushis que j’allais moi-même me transformer en tranche de saumon. Bref tout va bien, retour à la maison et là, l’appel de la balance. Cette fichue maudite balance que je déteste au plus haut point mais dont je suis incapable de me séparer.

Je me suis pesée avant de dîner. Ce que j’ai lu ne m’a évidemment pas plu. A base de « Ouiiii, mais voilà, je fais attention pendant deux jours, j’essaie de me contrôler, de chasser Hypou, et ça ne fonctionne pas, de toute façon ça sert à rien et en plus ce soir je vais manger sushis non mais voilà je veux tout laisser tomber de toute façon j’y arriverai jamais voilà. »

A peu de choses près, cette citation est le reflet exact de mes pensées. Oui, je me dis beaucoup "Voilà".

Mais évidemment j’ai quand même mangé mes sushis. Puis, après, j’ai culpabilisé. Juste assez longtemps pour me rendre compte que je venais de me gâcher un moment sympa. Après tout, ces sushis, j’en avais envie. J’ai été raisonnable. C’était chouette de dîner ça, pourquoi laisser à Hypou le monopole et ne pas juste apprécier ? C’est idiot.

D’autant plus idiot que, évidemment je me suis pesée ce matin et que les faits étaient là : oui, mes efforts ont payé. Non je n’ai pas grossi. Oui, j’ai même perdu un peu.

Alors quoi ? Quelle est la morale de l’histoire ?

Toujours la même chose : cet incroyable besoin de contrôle. A force de vouloir contrôler et de toujours veiller au grain, je m’y perds et je pousse Hypou à réagir. Je me pèse matin et soir, au minimum,  et parfois même deux fois par soir. Une en rentrant, une autre avant d’aller me coucher. Impossible d’avoir un seul repère stable dans tout ça, ni de suivre ma réelle évolution puisque tout ce que je retiens c’est que mon poids n’est jamais le même. Sauf que. Quand je me pèse à 18h, que j’ai fait attention toute la journée, et que mon poids n’est pas celui que j’aurai voulu avoir, je râle, je fulmine, je m’énerve, Hypou prend le contrôle et BIM, on crise. Parce qu’on aime voir nos efforts être récompensés, c’est juste humain, après tout.

Et si me peser autant de fois était un moyen inconscient de pousser Hypou sur le devant de la scène ? Et si le but était que je me fasse moi-même sortir de mes gonds ? Je ne parviens pas réellement à l’exprimer mais je suis pourtant intimement persuadée que c’est lié, tout ça. Aussi, je me lance un défi. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.

Je ne pèserai dorénavant qu’une seule et unique fois par semaine.

Ou tout du moins, je vais essayer.

Le vendredi, comme aujourd’hui.

Ca va être compliqué parce que ce n’est vraiment pas dans mes habitudes, je vais réellement lutter contre moi. Pour le coup cela dit, ce n’est qu’une histoire de volonté. Je dois simplement garder en tête que c’est bon pour moi et que c’est le meilleur moyen de réellement me suivre de façon sûre, certaine, claire et posée. Sans me donner de faux espoirs, sans biaiser mon poids réel, pour réellement voir si je suis sur le bon chemin, petit à petit.

Je vais y parvenir.

Jusque vendredi prochain, donc, deux objectifs. Ne pas me peser une seule fois, jusque vendredi matin, et ne pas passer du côté drastique de la force du régime. Manger ce qui me fait envie, aux heures des repas, en quantités raisonnables.

Je sais que pour beaucoup, ce n’est rien, et pourtant c’est un peu mon Himalaya.

Les difficultés vont commencer/continuer dès ce soir, puisque je passe la soirée avec des amis. Pour un apéritif. Inutile de dire que je n’ai même pas conscience de tous les mouvements que font mes mains entre les plateaux et ma bouche quand il y a de quoi grignoter. C’est Hypou qui commande, à chaque fois. Mais pas ce soir. Ce soir je dégusterai, par plaisir. Je ne me goinfrerai pas. Je vais essayer en tout cas.

Il faut que j’y arrive.

4 juin 2015

JOUR 2 : "J'AI BESOIN DE VOUS."

J’adore les gens autant que, parfois, je les crains, je crois.

C’est assez compliqué (j’ai l’impression d’employer ce terme au moins douze fois par article, comme quoi hein…). J’étais déjà assez susceptible concernant toutes les conversations qui pouvaient tourner autour du poids ou de la nourriture, que je sois concernée ou non. Je le suis encore plus. Quand ça parle régime, je bouillonne. Les discours à base de « En même temps, un peu de volonté et de sport, c’est pas grand-chose ! A un moment il faut se prendre en mains aussi ! ». Oui. Eh bien figure-toi que j’ai beau faire tout ça et avoir réellement envie de me prendre en mains je n’y arrive pas. Alors, d’accord, il y a certaines personnes pour qui ça peut convenir, mais pas toutes. Mais pas moi.

Je réagis au quart de tour dès que j’entends dire à quelqu’un « Tu n’avais pas dit que tu ferais attention ? ». Alors que, d’une ça ne me regarde pas, et de deux, ce n’est pas parce que ce genre de discours ne fonctionne pas avec moi qu’il ne fonctionne avec personne. C’est un sujet tellement sensible pour moi que j’en fais une affaire d’état quand personne d’autre que moi ne s’insurge, ou même ne relève. C’est dingue. J’en suis même arrivée au point où c’est très compliqué pour moi de manger devant des gens.

Attendez, petite pause, c’est venu tout seul, je ne savais pas que j’allais l’écrire et le poids de la vérité vient juste de me mettre un soufflet. Une putain de grosse tarte dans la gueule, comme dirait l’autre. Je me suis promis de ne rien effacer, de ne rien censurer, donc je le laisse, et je laisse en même temps pour esprit se faire à l’idée. Oui, c’est compliqué pour moi de manger devant les gens. Non je ne l’ai jamais dit à personne. Oui, même moi je faisais la sourde oreille par rapport à ça. Je viens de le réaliser. Hypou me maîtrise et me contrôle à ce point. Youpi.

Manger devant quelqu’un ou auprès de quelqu’un est un véritable calvaire, un vrai supplice. Qu’il soit l’heure de manger ou pas, que l’occasion s’y porte ou non, je suis constamment en train de me demander ce que les gens vont bien penser de moi quand ils vont me voir ingurgiter tout ça. « Elle devrait moins manger, la grosse ! », « C’est écœurant, comme elle mange ! », « Elle croit vraiment qu’elle a besoin de ça ? », et j’en passe et des meilleures. Il est très rare que je mange un sandwich seule dans la rue, ou même que j’ose grignoter un gâteau ou une friandise, même une viennoiserie. Et quand je suis avec des gens que je connais, des gens que j’aime… J’ai terriblement honte. Tellement, je crois, que je me force à manger très vite, pour que le supplice se termine rapidement et qu’ils aient à peine le temps de voir à quel point je peux être un subtil mélange entre « monstrueuse » et « qui fait pitié ». Alors pourquoi est-ce que je finis mon assiette ? Pourquoi est-ce que j’accepte d’en reprendre ? Pourquoi je ne dis rien quand les gens disent que je vais finir ce que les enfants ont laissé ? Peut-être parce que je me dis que je ne peux m’en prendre qu’à moi. Que de toute façon, je ne suis bonne qu’à ça. Qu’on sait que je mange, que ça ne sert à rien que j’essaie de m’en cacher. Que les gens ont raison et que, de toute façon, il n’y a rien à faire.

Super.

Depuis ce matin évidemment, comme tous les jours, Hypou m’accompagne. Elle est tranquillement en train d’attendre un moment de plus grande faiblesse pour me sauter à la gorge et me vampiriser un peu plus mais heureusement je ne suis pas toute seule. Mes amies et mon chéri sont là. Mais je crois que je suis vaguement (HAHA, euphémisme) en train de culpabiliser. De quel droit je leur ai parlé de tout ça ? Pourquoi devraient-ils s’en faire pour moi à ce sujet ? Est-ce que c’est être faible d’être intimement persuadée que je vais avoir besoin d’eux pour m’en sortir ? Faible, peut-être, égoïste, j’ai l’impression que c’est sûr.

Hier soir, mon copain m’a posé une question qui m’a littéralement brisé le cœur. « Est-ce que tes crises sont plus nombreuses, depuis qu’on est ensemble ? »

NON.

Non, non, et non. Bien évidemment que non, au contraire. Mais j’ai eu l’air tellement mal, j’ai tellement laissé voir ma détresse qu’il a pu se figurer un instant qu’il était un complice d’Hypou. Je m’en suis voulu pour ça, et je m’en veux encore. Parce que c’est totalement faux, en plus. Les crises ont toujours été là, toujours à cette cadence. Elles ont peut-être un poil accéléré depuis que je suis arrivée ici, dans cette nouvelle vie, mais jamais, jamais à cause de lui. Au contraire. Il m’aide tellement. Il est celui qui ne me laisse pas toute seule, celui qui n’est jamais trop loin, celui qui est d’une patience d’ange. Je m’en veux vraiment qu’il puisse avoir pensé ça, même moins d’une minute.

Tout comme ces amies, indéfectibles, toujours là, que je prends pour mon journal intime, pour lesquelles je ne mets aucun filtre. Qui me connaissent sans doute mieux que je ne me connais moi-même et qui doivent désormais porter mon fardeau et toutes mes peurs en plus des leurs. De quel droit ?

Je m’en veux et en même temps, je suis tellement égoïste que je me dis que si c’était à refaire je le referai. Parce qu’il est temps de le reconnaître, je ne peux pas m’en sortir toute seule. J’aimerais bien pouvoir faire croire à tout le monde que je suis forte et que je peux me débrouiller toute seule, mais c’est un mensonge.

Un très gros mensonge.

Je suis toute seule, ou presque, depuis que je suis toute petite et ça ne m’a pas réussi. Les seules choses que j’ai accomplies et dont je suis fière, elles ont eu lieu quand j’ai osé attraper la main que des personnes me tendaient.

Alors oui, ces personnes le savent déjà. Mais j’ai besoin d’elles. J’ai terriblement besoin d’elles. Et ça me coûte parce que j’ai tendance à croire que quand on s’attache pour de bon à quelqu’un, le quelqu’un finit toujours par partir. J’ai tendance à croire que quand le quelqu’un part, je n’ai aucun droit de le retenir.

J’avais tendance à croire qu’on devenait plus faible quand on aimait des gens si forts qu’on se laissait être nous, avec tout le noir et tout le sombre que ça implique. J’avais tendance à croire que personne ne pouvait voir une pointe de lumière en moi.

Personne, sauf eux.

Eux à qui j’ai envie de dire que je les aime. Que je suis désolée. Eux à qui j’ai depuis quelques temps déjà jeté une bouteille à la mer, avec écrit, sur le papier froissé, en gros, en tremblotant : « J’ai besoin de vous. ». 

4 juin 2015

JOUR 2 : UNE CHOSE A LA FOIS

Aujourd’hui, ça va.

Bon, il n’est même pas 11h du matin donc c’est plutôt chouette que ça aille, même si je sens bien que je tergiverse bien malgré moi. Je commence à digérer la situation, à accepter tout ça. Ca me donne une nouvelle vision des choses et je crois que je commence à observer mon comportement alimentaire via un nouveau prisme. C’est assez compliqué : je me vois faire, après coup, et ça ne me rend pas fière, au contraire. Je me fais même peur, quand j’y regarde de près. Cette façon incontrôlée de me comporter, cette incapacité impossibilité à me maîtriser, ce besoin viscéral d’engloutir… En l’expliquant à mon copain hier, l’image qui m’est venue était plutôt claire : Hypou est énorme, ou plutôt, la cause d’Hypou est énorme. Je dois le pressentir, le ressentir. Alors j’essaie de l’éloigner, de la cacher à ma vue, en entassant des tonnes et des tonnes de nourriture par-dessus. Comme quand on voit une énorme araignée et qu’on pose une boîte à chaussures dessus. Puis un manteau sur la boîte à chaussures. Puis une couette sur le manteau. Puis un gilet sur la couette. Puis, puis, puis. On se retrouve avec une pyramide.

Bancale, instable, énorme.

On la laisse là, et on continue notre petit bonhomme de chemin. Sauf qu’au final, l’araignée est toujours là, et rien ne nous dit qu’elle n’est pas en train de grandir, sous sa pyramide. Elle est bel et bien vivante et, mine de rien, elle nous fait toujours peur. Elle encombre notre espace. Elle mobilise notre matériel. Elle nous empêche d’être complètement à l’aise.

C’est elle, Hypou. Mais je vais finir par devoir enlever chaque couche de la pyramide, et soulever la boîte. Mais, pas tout de suite. Je ne suis pas prête. Il va me falloir du temps.

Pour le moment, je réfléchis. A mille à l’heure comme d’habitude – mon cerveau a décidé qu’il ne prendrait jamais de pause, de toute façon.

Alors je me demande si faire un énième régime est, à court terme, la meilleure solution. J’ai décidé que je devais perdre 20 kilos avant même de comprendre que ce qui me tord le ventre si souvent, c’est Hypou, et ses gros sabots. Je me disais qu’il fallait absolument que je fasse un régime, que je contrôle tout ça, no matter what (bilingue, tmtc). Mais plus je contrôle, ou du moins, plus j’essaie, plus Hypou se débat, et plus Hypou gagne. Peut-être que finalement, m’imposer un régime n’est pas la première chose à faire. Peut-être que je dois commencer par me laisser le droit.

Le droit de manger de la pizza. Des hamburgers. Des pâtes à la crème. Des sushis. Le droit de tout manger. Mais avec l’obligation de veiller aux quantités. M’imposer une limite, un seuil, une barrière. C’est ça, qui va être difficile. Ce n’est pas comme ça qu’on m’a éduquée, que je me suis éduquée. Quand j’étais ado, tous les dimanches, ma mère préparait un énorme saladier de pâte à crêpes. Elle ne mangeait pas – ma mère et moi, toute une histoire que je ne développerai pas, mais qui, je pense, a joué son rôle dans toute cette histoire – mais elle m’installait le saladier sur la table. L’appareil à crêpes à côté. Le pot de Nutella. Et c’était parti. Je ne quittais pas la table tant que je n’avais pas vidé le saladier de la dernière goutte de pâte.

Je mangeais sans faim, sans plaisir. Mais je devais finir. Et je finissais.

Même rengaine avec les raclettes. J’y avais droit tous les samedis. Trois paquets de fromages. L’appareil à raclette devant moi. Une ou deux pommes de terre, de la charcuterie. Ma mère qui regarde. Et moi qui mange. Mange. Engloutis.

« De toute façon tu aimes bien le fromage ! »

Oui. Oui j’adore ça. Enfin, je crois ?

Je n’avais pas énormément de force de caractère, quand j’étais ado. Je n’avais aucune conscience de ce que je faisais. Ma mère avait une emprise tout à fait toxique sur moi, et je viens de réaliser à quel point. Peut-être bien qu’elle l’a encore, même si j’ai tout fait pour l’éloigner de moi et ne plus rien entretenir avec elle.  Je n’en sais rien. Oui, les flashs de souvenirs, les choses comme ça. C’est compliqué de les assembler. Parce que ce qu’on découvre n’est pas toujours ce que l’on aurait voulu savoir.

Et je me retrouve donc là. Un régime ou pas ? C’est ce qui va finir par arriver. D’ailleurs, je ne suis pas certaine qu’il faille parler de régime, plutôt de rééquilibre alimentaire. La coach de la salle de sport m’a donné rendez-vous jeudi prochain pour une première séance, et elle a été très claire : elle ne va, au début, m’imposer aucune modification dans mon comportement alimentaire. Je pense que c’est pour me permettre d’observer si je le ferai de moi-même, mais aussi pour que mon corps accepte le sport sans manquer de quoi que ce soit. Alors si je commençais par me détendre et ne pas m’angoisser pour un milliard de choses à la fois ?

J’ai rencontré Hypou. Je suis dans la phase d’acceptation. Elle est là, c’est un fait. L’ignorer ne changera rien à tout ça. Je dois simplement me concentrer à ne pas la nourrir, à ne pas l’approvisionner. Je dois apprendre à contrôler, à me contrôler. Pas de régime drastique. En attendant de commencer le sport, dans une semaine tout pile, je mangerai. Normalement. C’est quelque chose qui, je crois, ne m’est jamais arrivé.

Autant dire que c’est donc tout un programme. 

3 juin 2015

JOUR 1 : PAS DE SECRETS ENTRE NOUS

Premier jour post-révolution, ça n'a pas été la grande joie. Je me suis tellement fermée comme une huître que je peux être reconnaissante qu'on ne soit pas à Noël. Quelqu'un aurait pu vouloir me bouffer tellement la ressemblance aurait été frappante. 

Je suis allée au travail, comme tous les jours, et chaque chose que je mettais dans ma bouche était soumise à une analyse minutieuse. Pourquoi je mange ça ? Est-ce que j'ai faim ? Est-ce que j'ai déjà eu faim de toute façon ? Est-ce qu'on me regarde manger ? On dirait une gloutonne ? Ah oui on dirait sûrement une gloutonne. Est-ce qu'on me juge ? Ah oui sûrement, parce que moi si je le voyais je me jugerais. 

Grosse ambiance dans ma tête. 

Je n'ai pas réussi à déterminer pourquoi - oui je pensais naïvement que peut-être tout me semblerait fluide d'un coup et que je m'en débarrasserai facilement. Bon, j'avais tort. Ok. Impossible de comprendre pourquoi l'hyperphagie. Impossible de mettre le doigt sur toutes ces choses qui sont là, quelque part, et qui veillent à s'exprimer uniquement quand elles en ont envie et sans me laisser la possibilité de répliquer. 

Mais j'ai pris sur moi. Et j'ai appliqué un conseil que j'ai croisé plusieurs fois au cours de mes lectures sur le sujet. Il est souvent dit que l'un des problèmes de cette maladie, c'est que les crises ont lieu en cachette. Qu'on a tendance à se refermer, à tout garder pour soi. Et c'est vrai. Hypou m'a même déjà fait mentir plusieurs fois, à des personnes pourtant chères à mon coeur. Alors un seul mot : transparence. J'ai présenté Hypou à trois amies. Chères à mon coeur. Jamais dans le jugement. Juste toujours présentes, de jour comme de nuit, voisines comme à l'autre bout du monde, de feux d'artifice ou de tempête de sable. Puis, avec un peu plus de difficultés, je l'ai présentée à mon copain. Mon amoureux. Celui qui mériterait tellement que je sois parfaite.

On pourrait croire que c'est simple. Qu'une fois qu'on est sur notre lancée de toute façon plus rien ne peut nous arrêter. C'est totalement faux. A plusieurs reprises j'ai eu envie de rebrousser chemin, d'inventer quelque chose, n'importe quoi, tout sauf la vérité que j'étais sur le point de révéler. J'avais impression que j'étais sur le point de lâcher une bombe, qu'on allait me regarder comme si j'avais la peste, qu'ils seraient honteux de m'avoir comme amie. Je leur fais une confiance aveugle et pourtant une part de moi me disait que, peut-être, ils continueraient leur chemin en me laissant derrière. Parce que personne ne veut d'Hypou dans sa vie. Parce qu'on a tellement à combattre avec nos propres problèmes, on n'a pas toujours la force ou juste la possibilité de combattre ceux des autres, même si on les aime de tout notre coeur.

Et pourtant, ils sont là. Ils sont restés. Et je sais qu'ils resteront. Ils ne peuvent pas atteindre Hypou directement, ils ne peuvent pas la combattre à ma place, mais quand je serai épuisée, ils seront là. Quand j'avancerai, ils seront là. Quand j'aurai réussi, ils seront là. Il va falloir que je trouve une cargaison illimitée de remerciements et des idées de cadeaux trop cools et originaux pour toute la vie, et celle d'après.

Je suis blindée. Je ne suis pas toute seule. Hypou l'est.

Je garde en tête que ça ne va pas être tout rose. Que je vais tomber, pleurer, ne plus y croire. Une seule journée déjà et c'est moralement compliqué. J'ai trop de peurs en moi, mais qui n'en a pas ?

Personne.

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3 juin 2015

JOUR 0 : UN PAS EN AVANT ?

Réaliser que je suis hyperphage a joué comme un déclic.

Cela fait bientôt quatre mois que j’ai littéralement changé de vie. J’ai changé de ville, de métier, d’appartement, de proches, de repères, de rythme et évidemment, Hypou a pris un malin plaisir à me sauter dessus et à rester agrippée à moi telle une moule à son rocher.

J’ai toujours eu des problèmes de poids. D’aussi loin que je me souvienne – et c’est pourtant assez compliqué pour moi de remonter dans mes souvenirs, puisque je suis incapable de me remémorer quoi que ce soit qui a pu avoir lieu avant, environ, mes 23 ans. Cela ne m’arrive que par flashs plus ou moins exhaustifs. Parfois je me souviens de scènes entières, parfois simplement de phrases ou même de ressentis… Oui, je me doutais donc depuis un moment qu’il y avait comme un petit quelque chose que j’essayais d’enfoncer six pieds sous terre, bref.

Bref, des problèmes de poids constants qui, semble-t-il, durent depuis l’enfance puisque je me souviens avoir été hospitalisée quand j’étais en CE1 dans ce que j’appelle « Un hôpital pour gros enfants ». Impossible de dire combien de temps j’y suis restée, ni quels ont été les effets, mais je pense avoir manqué au moins un trimestre d’école. Voire plus mais c’est vraiment trop flou pour être précise. Puis j’ai grandi et alors que j’étais en seconde, j’ai eu comme un déclic et j’ai décidé de maigrir, et j’ai réussi. Je ne sais ni comment, ni pourquoi, mais j’avais perdu énormément de poids et j’étais même parvenue à me stabiliser. Jusqu’à ce que le bac soit passé et que je transplane bien malgré moi dans une ville inconnue pour mes études.

 Bref.

En somme, depuis que j’ai changé de vie, j’ai grossi. Je n’ai pas réussi à contrôler mon corps ni à gérer tous ces changements et je crois que, de toute façon, j’ai plus ou moins pris l’habitude de me cacher derrière mon poids. Il est le seul point noir de ma vie, actuellement, et je l’utilise comme mauvaise excuse pour tout. Pour prouver que je n’ai pas de volonté, montrer que je ne peux pas me considérer comme belle (alors que je suis la première à revendiquer qu’on peut être belle tout en rondeurs, ALLO UI CER PARADOXE), justifier que je n’ose pas aller vers les autres, ou encore que les autres ne viennent pas vers moi. Tout. Tout est à cause de mon poids.

C’est tellement facile.

C’est tellement idiot.

Je crois qu’en réalité j’ai appris, je me suis appris, à utiliser mon poids et donc mon corps comme barrière contre le monde, et les gens. J’ai peur des gens, peur de ce qu’ils peuvent ressentir à mon égard et de ce que je peux ressentir pour eux. Je suis, étrangement, quelqu’un d’assez extravertie, plutôt avenante et je vais facilement vers les autres… Tant que je contrôle la situation. A partir du moment où les gens franchissent la barrière invisible que je mets entre eux et moi, je panique. Et je pars en courant, à moins qu’on me retienne.

Je ne sais pas tellement à quoi je voulais en venir, avec tout ça. Au fait, simplement, que depuis un mois je me dis que je vais me remettre au régime et que cette fois ça va fonctionner. Sauf que c’est un échec cuisant, jour après jour, et qu’il semblerait qu’Hypou en profite pour faire son spectacle et être plus présente que jamais. J’ai trouvé un emploi. J’ai trouvé un appartement. Un garçon est même resté auprès de moi malgré toutes mes bizarreries, en somme tout va bien dans ma vie. Tout sauf ça. Et si, finalement, c’était volontaire ? Et si je refusais de maigrir ? Et si je nourrissais moi-même Hypou, avec des peurs sous-jacentes dont je n’ai pas encore conscience ?

Je me suis posé toutes ces questions hier, et j’ai décidé de prendre le problème à bras le corps et de mettre toutes les chances de mon côté, pour réussir. Alors, sur un coup de tête, j’ai pris rendez-vous chez Curves, une salle de sport à littéralement 5 minutes à pied de chez moi. Il faut que je fasse quelque chose de concret, il faut que je chasse Hypou pour de bon et quelque chose me dit que même si c’est un combat qui va être compliqué, et long, je dois prendre les bonnes armes. Des armes efficaces. Le sport, c’est efficace. Parce que le sport permet de voir les choses, pour de bon.

Puis, aussi idiot que ça puisse paraître je pense que consacrer une partie de mon budget à ça va m’aider à m’y tenir. J’espère, tout du moins.

Cependant, ça n’a pas été évident.

Je ne sais pas bien à quoi je m’attendais, mais certainement pas à ça.

La coach m’a mesurée.

La coach m’a pesée.

La coach m’a fait utiliser une machine pour connaître mon IMC.

 

Je ne me souviens pas exactement du chiffre. Je ne me souviens que d’une chose : mon cas ne rentrait presque pas dans le tableau qu’elle m’a montré. A 0,02 valeur près, mon IMC était au-delà de la case « Très mauvais ». Dans une case que personne n’a intégrée dans ce tableau.

 

Choc.

Electrochoc.

Tsunami.

 

Quand on me voit, on se dit que je suis grosse. Pas obèse, non, dodue, disons.

Mais en dedans, Hypou a tout dévoré sur son passage. Tout mis en miettes. Si je continue comme ça, je me détruirai, chaque jour un peu plus. C’est inévitable.

Mais pas irréversible.

J’étais un peu sonnée, je l’avoue. Peut-être que le tableau exagère, peut-être qu’il n’est là que pour faire peur, peut-être. Mais il m’a terrifiée. C’est comme si la coach m’avait giflée, alors qu’elle a d’ailleurs été absolument adorable. Comme si soudainement on m’avait attrapée par les épaules et réveillée en sursaut. Comme si on me retenait juste avant que je ne me jette sans le voir dans le précipice.

 

Puis on a parlé.

« Pourquoi maintenant ? »

La question banale, la question simple, la question de la coach à laquelle j’ai spontanément répondu : « Parce que je me dégoûte. » avant de fondre en larmes.

 

C’est une vraie réponse. Celle que Hypou n’a pas su faire taire, celle que je ne dois plus taire, celle que je dois affronter. C’est une réponse que je ne veux plus jamais donner.

Je veux oser me regarder dans le miroir.

Je veux oser faire les magasins et acheter des vêtements qui me plaisent et me ressemblent.

Je veux me sentir bien dans mon corps.

Je ne veux plus avoir peur de moi.

Ca prendra le temps que ça prendra.

J’ai 20 kilos à perdre mais c’est bien plus que ça. Je dois apprendre à faire taire Hypou, à m’en guérir. A avoir une relation saine avec la nourriture. Avec mon corps. Avec moi.

 

Ce blog fait partie des choses qui me semblent importantes.

Un post par jour, au minimum, sans barrière, sans mensonge, tout en transparence.

Pour évoluer. Pour grandir.

Pour guérir.

3 juin 2015

JOUR 0 : LE NOM DU DEMON

Bonjour, je suis hyperphage.

Je suis aussi hyper drôle et hyper sensible, mais ce n’est pas la question. Quoi que si, un peu.

Je suis hyperphage.

C’est un nom un peu barbare, mais pour en donner une définition claire, nette et précise, voilà ce que ça veut dire, « Hyperphagie » : L'hyperphagie correspond à une prise importante et compulsive de nourriture (d'où le terme d'"hyperphagie") sans comportements compensatoires (vomissement, laxatifs, hyperactivité sportive...).

Tout est expliqué ici :


Je l’ai appris hier.

Et bizarrement, ça me rassure.

Impossible de comprendre, depuis tant d’années, ce que j’avais. J’essayais de me l’expliquer sans vraiment me comprendre : « C’est comme des crises de boulimie, mais sans me faire vomir. En fait je mange tout ce que je peux. Et après je m’en veux. Mais je sais que ce n’est pas bien. Oh, en fait c’est juste que je n’ai aucune volonté, quoi. »

Non. Non, ce n’est pas qu’une question de volonté. Ou alors peut-être, mais pas que. C’est une maladie.

Et si c’est une maladie, ça veut dire que ça se soigne.

A force de lire tout ce que je pouvais sur le sujet, j’ai découvert que – O SURPRISE – c’était lié à des démons. A des pensées. A des trucs qu’on garde et qu’on n’arrive pas à exprimer. A des choses qui nous hantent un peu. Beaucoup ? Beaucoup.

L’hyperphagie - d’ailleurs, la mienne, je l’ai appelée Hypou. C’est choupi, ça donne l’impression d’un truc tout petit et tout fragile. Que je pourrais écraser d’un gros coup de semelle – c’est, parfois, une protection. On mange tout ce qu’on peut pour que notre esprit ne tergiverse pas sur des choses que l’on a pris soin de bien enterrer, voire même d’oublier. En tout cas, on se persuade qu’on les a oubliées. Consciemment, on n’a aucune idée qu’elles existent encore. Mais la porte fermée à double tours dans notre esprit, elle, elle est bel et bien là et force est de constater qu’en réalité, on l’a mal fermée. Le démon n’y a pas tenu bien longtemps et il semblerait qu’il s’en soit échappé aussi facilement qu’on bat des cils. Le petit merdeux.

 Alors on mange. Sans faim, parfois, sans envie, juste par besoin. C’est en tout cas ce que je fais. Je mange – non, je ne mange pas. Je boulotte. J’ingurgite. Je dévore, sans jamais me rassasier. Comme si j’avais un énorme trou noir qui aspirait tout ce que j’engloutis. Tant qu’il y a à manger, je mange. Quand j’ai décidé que j’avais envie/besoin (je n’arrive pas encore à le déterminer), alors rien ne peut m’empêcher. Je vais acheter tout le supermarché. Je commande une pizza, une entrée. Et je mange, je mange, je mange. Puis une fois qu’il n’y a plus rien, je m’en veux. Je me trouve horrible. Je me dégoûte. Je me dis que c’était la dernière fois, jusqu’à la fois d’après, qui survient souvent quelques jours plus tard, seulement.

Généralement, quand Hypou fait sa loi, je m’arrange pour être seule. Mais si elle a envie de faire des rencontres et qu’elle se manifeste en public – à un buffet, un apéro, un repas de famille, peu importe – impossible non plus de la faire taire. Les gens en rient, les gens ne savent pas. Je suis celle qui peut tout manger. Celle qui peut finir les assiettes des enfants. Celle qui ne dira jamais non quand on lui propose de la resservir. Celle qui sourit bêtement à toutes ces remarques.

Celle qui pleure quand elle retourne chez elle.

Qui s’en veut. Qui voit son corps. Qui ne se maîtrise pas. Qui ne maîtrise rien.

Et qui n’a que Hypou pour lui tenir compagnie.

Et évidemment, dès lors, c’est reparti.

 Depuis que je le sais, je suis comme électrisée. Ca me fait un bien fou de mettre un nom dessus, et en même temps ça me fait peur de me dire que ça a un nom. Ca rend tout plus vrai, plus concret, plus à portée de mains.

J’ai envie de lutter contre ça, j’ai envie d’en guérir, j’ai envie d’arrêter de gâcher ma vie pour ça. Je ne veux plus de coloc avec Hypou, je veux la rayer de ma carte, l’anéantir, lui dire au revoir, m’en séparer. Elle me vampirise, elle m’épuise, elle m’obsède, c’en est trop, j’en ai assez. Je me dégoûte, mon corps me dégoûte, mais je dois lutter. Il y a plein de combats dans la vie, dont bon nombre peuvent sembler bien plus complexes et importants que le mien.

 

Mais désormais, c’est mon combat contre moi.

Mon combat contre l’hyperphagie.

Pas contre la nourriture, pas contre la vie, pas contre mes émotions.

 

Je vais devoir prendre sur moi. Je vais devoir ouvrir la porte fermée à double-tours. Je vais devoir affronter tout ce que j’ai pris soin d’ignorer jusqu’à présent. Je vais devoir assumer, accepter. Je vais devoir comprendre ce qui nourrit Hypou, là-dedans.

Pour lui couper les vivres.

 

Et commencer à avancer.

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Journal d'un TCA
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