Ok.
Oui, j’avoue tout, j’ai totalement abandonné le blog ces derniers temps. Ce n’est pas faute d’y avoir pensé, ce n’est pas faute d’avoir eu des choses à y dire. Je l’ai juste abandonné. Un peu comme je me suis abandonnée à vrai dire. Plein de choses se sont mélangées et je n’ai tout simplement pas su gérer. Je crois que pour certaines d’entre elles je me suis sentie coupable. Et du coup je me suis punie. Parce que clairement, ces derniers temps j’ai fait subir à mon corps une véritable torture. Je l’ai traîné plus bas que terre. Je lui ai infligé la seule chose que je fais bien parce qu’elle me fait du mal.
J’ai mangé jusqu’à me déformer. Jusqu’à me faire mal au ventre. Jusqu’à me dégoûter encore plus, sans savoir qu’une chose pareille était possible. J’ai jeté ma balance et je n’en ai toujours pas acheté de nouvelle mais je le vois, je le sens : moi qui touchais le fond, là je creuse. Je m’enfonçais.
Chose idiote, complètement idiote.
J’ai vu Laurent Ournac à la télévision. Il a minci, beaucoup. Alors je m’en suis voulu. Je lui en ai voulu de réussir à faire, comme des centaines de milliers de gens, ce que je suis infoutue de faire. Je m’en suis voulue de ne pas être capable de faire ce qui, semble-t-il, n’est pas si compliqué. Mais qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Qu’est-ce qui bloque ? J’ai l’impression d’être une marionnette qui s’ignore. L’impression d’être libre de tout mais de ne pas pouvoir faire un seul mouvement pour contrer Hypou.
Parce que même si je n’ai pas fait de grosse crise depuis que je n’écris plus, Hypou est malgré tout devenue plus insidieuse. Je sais qu’elle est là, j’en ai conscience, et c’est comme si, du coup, elle avait changé de stratégie. J’ai décidé de ne plus me focaliser sur mon poids, donc je mange ce que je veux. Mais, ce que je veux, vraiment ? Non, ce que Hypou veut. Parce que je n’arrive pas à manger autre chose que des choses mauvaises, des choses qui ne feront que me pousser toujours plus bas, me faire toujours plus de mal, me détruire. Me détruire. Me détruire encore.
Je prends toutes les émotions des autres comme prétexte pour manger, pour justifier que « Non, ok, ce soir j’avais prévu d’être raisonnable, mais bon là, clairement, ça ne va pas. »
Mon copain vit un moment difficile et je suis incapable d’être une bonne copine, d’être présente, de ne penser qu’à lui et son bien être. J’arrive à recentrer toute l’attention sur moi, mon nombril, alors que, putain, on s’en fout ! Je n’ai pas à me plaindre. Je m’en veux tellement. Et je m’en veux donc je me punis. Donc je mange. Pour me déformer. Bien fait pour moi.
Je continue le sport, à la salle, et j’aime ça. Mais j’ai l’impression que ça ne change rien. En même temps ça ne fait que dix jours, je sais. Je sais.
Mais j’en ai marre. Je vais prendre sur moi.
Je le dis à chaque fois mais j’en ai marre.
Ca suffit de se trouver des excuses, de se cacher derrière les gens.
Je suis hyperphage. J’ai un problème avec la nourriture. J’ai un problème avec mon corps. J’ai un problème avec ce que je suis. J’ai un problème avec ce que je représente. J’ai un problème avec ce que je veux être.
Je n’ai aucune volonté. J’ai 20 kilos à perdre. Je n’y arriverai jamais parce que je n’en suis pas capable. J’utilise mon poids pour justifier tout ce qui va mal dans ma vie et dans ma tête. Pour gâcher tout ce qui va bien. Je pourrais être heureuse si je le voulais, mais visiblement ce n’est pas dans mes projets. Tout ce que je fais, c’est gâcher, me morfondre, et être en colère, tendue, angoissée, stressée.
Sauf que, si ce n’est pas pour moi, il est temps que ça change, au moins pour les gens que j’aime. Ils n’ont pas à subit ça.
Ils n’ont plus à me subir.
Je leur demande pardon.
Plus jamais, après aujourd’hui, je ne dirai que je me battrai. C’est la dernière fois. Si je suis incapable d’aller au bout, alors en effet je suis tout ce que j’essaie de me cacher. Faible, inutile, égoïste, grosse. Sans volonté, désagréable, un poids mort, un boulet qu’on se traîne.
Dès que je me rachète une balance, je me pèse.
Mon cerveau vient de décider quelque chose, et je ne vais pas aller contre, parce que je me suis promis d’être honnête et transparente. J’ai peur, et honte, parce que je sais à qui j’ai confié l’adresse de ce blog, parce que même si j’aime ces personnes de tout mon cœur j’ai peur de leur jugement. Mais tant pis. Trop tard.
Il faut mettre des mots. Il faut ancrer dans le réel. Il faut assumer ce corps que je me suis moi-même créé.
Au commencement de ce blog, avant de me débarrasser de ma balance, je pesais 80 kilos.
BOUM.
Je pense avoir pris, sans mentir, au moins 5 kilos depuis. En moins de dix jours, oui.
Je me pèserai quand j’en aurai une nouvelle, et je mettrai mon poids ici. Même si ça ne veut rien dire, même si on s’en fout, même si. Moi je ne m’en fous pas. Moi ça me bouffe.
Je veux perdre entre 15 et 20 kilos. 20 idéalement. 25 si j’ai raison et que j’ai réellement pris tout ce poids en si peu de temps.
L’écrire, c’est un peu le sortir de mon corps.
L’écrire, c’est m’en soulager.
L’écrire, peut-être, c’est enfin commencer.