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Journal d'un TCA
2 juillet 2015

JOURS 29 & 30 : BLAAAABLAAABLAAA

Bon, bon, bon.

Ca va. Mais je dois reconnaître que c’est un peu les montagnes russes en ce moment et je ne trouve aucun moyen de réellement gérer ça.

Je ne suis pas allée au sport la semaine dernière et je ne sais pas si je vais y aller aujourd’hui. En fait j’ai honte. Mais je crois que je dois tout reprendre depuis le début.

Je me suis donc inscrite sur Linecoaching avec la ferme intention de réussir. Avant-hier. Mon coach m’a déjà répondu, je me sens réellement soutenue et entourée, et je dois encore appelée pour caler mon premier rendez-vous téléphonique. Je prends soin de remplir mon petit carnet, et je me rends compte de différentes choses.

Mais hier soir, crise.

Je ne sais pas d’où elle vient, vraiment. Parce que ça allait. Je me sentais bien, du moins en surface puisque force est de constater que si Hypou est arrivée à ses fins, c’est bien que quelque chose n’allait pas. En fait, j’avais envisagé de manger une pizza le mercredi soir, sans penser franchement que ça se ferait parce que rééquilibre, parce que attention, parce que tout ça. Finalement, l’envie a été beaucoup plus forte.

Forte au point que j’ai menti à des amies. Je devais les rejoindre, hier soir. Je devais les retrouver après mon rendez-vous chez le médecin. Sauf que j’avais terriblement mal à la tête (canicule bonjour), et surtout, parce que je sentais la crise venir. J’ai eu soudainement besoin de me retrouver seule, mais je ne sais pas bien pourquoi. Au fond, je devais avoir envie qu’elle arrive, cette crise. Autrement j’y serais allée. Autrement j’aurais fait face. Mais rejoindre mes amies, c’était me nourrir normalement. Alors, ça a été incontrôlable, et j’ai menti.

Qu’est-ce que je m’en veux d’avoir menti, qui plus est à cause d’Hypou. Je me dégoûte.

J’étais donc chez moi, et sincèrement, j’ai lutté longtemps. Financièrement, c’était une mauvaise idée. Physiquement, c’était une mauvaise idée. Pour tout vous dire, cette pizza, je n’en avais même pas envie. Mais elle était dans ma tête depuis deux jours, alors je devais le faire. Je devais la dévorer, l’engloutir.

Je vois ça comme une auto-punition, Hypou et tout ça. Mais je n’arrive pas à déterminer de quoi je me punis.

Et alors que, pleine de culpabilité, je me suis dit fermement ce matin que ce midi, je rattrapais l’écart, que ce soir j’allais au sport, que, que que… Je n’ai pas réussi, et j’ai fait une autre crise, ce midi.

En fait, à partir du moment où je succombe une fois, où je n’arrive pas à être plus forte qu’Hypou une seule et unique fois, je m’en veux, et j’abandonne, parce que je me dis que j’ai tout foutu en l’air. C’est assez difficile à gérer du coup, parce que je ne veux pas de ces crises, je réalise que je n’ai même pas envie de manger ce qu’elles me font manger, mais c’est comme si elles mettaient mon cerveau sur off.

J’ai envoyé un message à mon coach sur Linecoaching du coup. Vainement, sans doute, mais comme une bouteille à la mer. Juste pour avoir des idées, des conseils, des trucs à faire quand ces crises débarquent et que je sens que je vais plier sous leur poids. Je pense en plus sincèrement que c’est un cercle, vicieux ou vertueux. Plus je craque quand Hypou débarque, moins je me sens forte, moins je parviens à lutter contre les prochaines, et surtout, plus il y en a qui arrivent.

Je suis persuadée que si j’arrivais, au moins une seule fois, à tenir tête à Hypou, ça m’aiderait à lutter plus fort, mieux, et plus intensément. La prochaine arriverait moins vite. Et je la vaincrai encore.

Mais je n’y arrive pas. Je n’ai pas les armes. Puisque je ne comprends pas réellement Hypou, c’est impossible de la vaincre. Par moments je crois qu’elle est due à Voldemort. Par moments je crois qu’elle est due à ma propre peur de moi-même. Parfois je pense qu’elle est là pour me protéger des gens. Mais en vrai, je n’en sais rien. Elle est insaisissable, incompréhensible. Elle mène la danse. J’ai envie qu’elle arrête, j’ai envie de lui marcher très fort sur le pied et qu’elle me laisse danser toute seule, mais pour le moment, je n’y parviens pas.

Pour le moment seulement.

Mais du coup, je culpabilise. Encore. Pour hier soir, pour ce midi. Et parce que je ne sais pas si je vais réussir à aller à la salle de sport après le travail. Parce que je n’y suis pas allée de toute la semaine dernière, alors j’ai honte. J’ai peur qu’on me remonte les bretelles ;  peur qu’on pense de moi que je ne suis pas si motivée que ça. En même temps je sais très bien que si je n’y vais pas cette semaine, ce sera encore plus compliqué d’y aller la semaine prochaine, mais la semaine prochaine, j’irai.

C’est sûr.

Je ne me laisse pas le choix.

J’ai honte d’y retourner, j’ai peur, je ne sais pas, c’est très étrange.

Puis, il y a cette conversation que j’ai eue avec des amies, aussi, ce week-end. Qui parlaient. Qui disaient qu’elles avaient peur d’être inintéressantes, que c’était un gros complexe. Et la conversation a viré un peu sur un sujet qui m’a heurtée. Elles sont jolies, elles sont belles, et elles le savent. Et elles tenaient ce discours : « J’en ai assez qu’on ne m’approche ou ne me parle que parce que je suis jolie. J’aimerais qu’on s’intéresse un minimum à ce que j’ai dans le crâne. Quand un garçon me parle, j’ose à peine parler par peur qu’il me trouve idiote, ou peu cultivée. Par peur de dire une bêtise. Mais le garçon viendra quand même toujours vers moi, parce que je suis belle. C’est la seule certitude que j’ai. »

Ca m’a fait mal au cœur pour elles, vraiment. J’ai senti leur détresse et j’ai compris leur peine, et leur retenue. Oui mais la conversation a continué. D’habitude je suis du genre à inciter les gens à parler, à creuser, à essayer de comprendre ce qu’ils ressentent, à mettre des mots sur leurs sentiments. Là, je ne disais rien. Alors elles m’ont demandé : « C’est bizarre, pourquoi on ne t’entend pas ? ».

J’ai simplement répondu : « Bah, parce que je n’ai jamais connu ça, en fait. »

Ce n’était pas pour faire pitié, pas pour les attrister, pas pour attirer la lumière sur moi. C’est un fait, je ne me suis jamais dit que ma beauté était la première chose pour laquelle un garçon venait me parler. En réalité, je ne me suis jamais, ou que très rarement, faite aborder. Souvent, quand ça arrivait, c’était pour me demander si ma copine était célibataire. Alors je le leur dis, je le leur explique. Je leur dis que c’est normal, que le physique est la première chose qu’on voit, et que c’est naturel d’aller vers une personne qui répond à nos critères physiques. Je leur dis que non, jamais quelqu’un n’est venu vers moi pour ça. Que toutes mes rencontres se faisaient parce qu’on était dans un groupe et que, naturellement, tout le monde se parlait.

Et j’ai eu droit à : « Nous on nous remarque parce qu’on est belle, toi parce que tu es drôle. Tu as de la chance. »

Je sais ce qu’elles voulaient dire. Je comprends. Mais je l’ai pris pour un : « T’es grosse, ok. Mais tu es drôle, donc TOI, c’est chouette ta vie. Parce que tu es sûre qu’on vient vers toi pour ce que tu es, et non pas pour ce à quoi tu ressembles. »

Ben, ça m’a fait mal, et depuis, je ressasse. Parce que j’aimerais que mes amies me trouvent belle, indépendamment de mon poids. Indépendamment de Hypou qui est là, et qui m’empêche de bien m’habiller, ou de me mettre en valeur comme je l’aimerais, juste parce que j’ai peur qu’on me remarque. Juste parce que je prends autant de place que j’aimerais ne pas en prendre.

Mais non.

Et (oui, j’avais besoin de parler, je crois), je suis très tendue, parce que Dimanche, c’est journée en famille. Je revois des personnes que je n’ai pas vues depuis longtemps. Et j’ai peur. J’ai peur parce que je n’ai pas l’image que j’aimerais leur renvoyer. J’ai peur de leur jugement, de leurs regards. J’ai peur de ne pas réussir à me contrôler. Et généralement, quand je suis dans un endroit où je ne veux pas être et que Hypou se manifeste, c’est compliqué. Surtout que le passif familial fait que l’évènement en lui-même me tend, me bouleverse,  me fâche et m’angoisse. Hypou sera forcément là. Et j’ai peur que, associée au reste, elle me pousse à me renfermer sur moi-même, et à en plus être celle que je ne suis pas.

Voilà.

Alors oui, en surface, ça va. Mais tous ces petits parasites m’épuisent.

J’aimerais y arriver.

Juste une fois dans ma vie.

J’aimerais réussir. 

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