Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'un TCA
17 juin 2015

JOUR 15 : PANIQUE À BORD

Ce soir, ça ne va pas. Genre, pas du tout.

J'ai pourtant passé une journée plutôt sympa. J'ai vu des bébés chats en allant au boulot, plein de choses qui bloquaient au niveau du travail se sont résolues, je suis allée au sport ce soir, c'était Zumba et surtout c'était chouette, en somme la journée plutôt tranquille et sympa. Jusqu'à ce que la panique vienne prendre le dessus et s'invite pour je pense, toute la soirée et une bonne partie de la nuit.

Elle s'invite pour une raison qui en plus va sembler niaise, ridicule, puérile et autres adjeçtifs sympatoches du genre à beaucoup d'entre vous.  Mais écrire ici c'est aussi assumer ce qui est idiot et incontrôlé. Je suis humaine, j'ai des défauts et des réactions disproportionnées, ce n'est pas comme si j'essayais de m'en cacher depuis le début de ce blog. La panique donc. Elle est arrivée un grand sourire aux lèvres, le regard mielleux et la bouche en cœur. Pourquoi ? Parce que ce soir, mon copain sort.

Alors qu'on soit bien d'accord. Je ne suis pas un tyran et je n'exige pas qu'on soit ensemble H24. J'ai même tendance à ne pas être force de proposition Parce que clairement je ne vois pas ce qu'il fait avec moi. Mais ce soir il sort, et il va sortir tard, et surtout, il sort dans un endroit où le hasard peut parfaitement bien faire les choses. Il va dans un endroit propice aux rencontres, aux échanges. Dans un endroit où il va croiser des gens, des filles tant qu'à faire, qui partagent la même passion que lui. Qui vont avoir de la culture, de la conversation, de l'humour sûrement. Des filles qui seront canons, pleines de charmes, qui s'assumeront, qui ne seront pas pleines de tâches, de défauts, de malfaçons. Des filles avec qui tout aura l'air simple. Avec qui il passera un bon moment. Des filles qui seront, simplement, tout mon opposé. Des filles que l'alcool aura rendu encore plus fun, tandis que l'ambiance les mettra tous dans un état un peu euphorique et hors du temps. Des filles qui essaieront peut être de flirter avec lui, même juste un regard, même juste un sourire. Des regards et des sourires auxquels il répondra peut-être.

C'est évidemment de la jalousie de ma part, mais je me sens surtout infiniment triste. Parce que jamais je ne pourrais le lui reprocher. Parce que je comprendrais mille fois qu'une ou plusieurs de ces filles lui semble tellement plus attirante que moi. Sous tellement d'aspects. Ce n'est pas une question de confiance. J´ai confiance en lui. Je marcherais dans ses pas, je le suivrais les yeux fermés, je prendrais sa main s'il me disait de tout plaquer et de partir avec lui, je sauterais dans le vide s'il me promettait que c'était sans risque. Mais là j'ai peur. J'ai peur Parce qu'avec Hypou, on sait ce que je vaux. On sait que je ne fais pas le poids. Je suis infiniment triste, ce soir, et je n'arrive pas à me raisonner. On m'a déjà dit qu'on m'aimait pour disparaître du jour au lendemain, on m'a déjà dit qu'on m'aimait alors qu'une autre fille avait depuis longtemps pris ce que je pensais être ma place. Hypou est là parce que j'ai ce sentiment, insidieux, dévastateur, que je mérite qu'on s'en aille. Que je meriterais que lui s'en aille.

Je suis paniquée Parce qu'il est là-bas. Et parce que j'aurai toujours le doute. Parce que quand il me racontera je me demanderais toujours s'il me dit vraiment tout. Parce que quand il ressortira la panique sera toujours là. J'ai conscience que c'est d'un égoïsme incroyable. Je m'en veux d'être si faible. De si peu croire en moi que ça peut avoir une incidence sur lui. 

Hypou est là, je l'ai compris, Parce que j'ai peur de ce que je suis. De ce qui se cache sous le gras, la graisse et la laideur. Parce que j.ai peur d'être banale, et mauvaise. En réagissant comme ça, je ne fais que me le confirmer, et j'ai encore plus peur de gratter pour découvrir ce qu'il y a en-dessous. Parce qu'aujourd'hui j'ai encore l'excuse de Hypou pour réagir comme ça. L'excuse de mon poids. L'excuse de ce corps immonde.

Mais si par miracle je réussis ? Si j'arrive à reprendre le contrôle et que je perds ces vingt kilos qui me bouffent la vie ? Je n'aurais plus d'excuse pour ne pas aller bien. Plus d'excuse pour me comparer constamment aux autres. Plus d'excuse pour avoir peur. Plus d'excuse pour justifier qu'on s'en aille. Plus d'excuse pour justifier qu'on me laisse, qu'on m'abandonne.

Et si finalement, la seule chose qui m'empêchait de maigrir, qui m'empêchait de me sentir bien, c'était moi ?

Ben je suis mal barrée. Infiniment triste, paniquée, et mal barrée.

Super soirée.

Publicité
Commentaires
Journal d'un TCA
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
2 abonnés
Publicité